Les disques (dont l’âge d’or était 1920-1950) tournant à 78 tours par minute avaient généralement un diamètre de 25 cm (environ 3 minutes d’enregistrement) ou 30 cm (environ 5 minutes d’enregistrement) et contenaient une chanson par face. Parfois seule une face était utilisée. Les 78 tours furent les remplaçants du cylindre. On distingue le disque 78 tours à aiguille ou à gravure latérale et le disque 78 tours à saphir ou à gravure verticale. Leur fabrication a cessé dans les années 1950 lorsqu’ils ont été supplantés par les disques microsillons. Ils sont aujourd’hui recherchés par les collectionneurs.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Shellac n’était produit qu’en quantité extrêmement limitée, ce qui a conduit les fabricants de 78 tours à produire ces derniers en vinyl. Ils existaient en 25 cm pour le marché intérieur et en 30 cm pour la distribution aux soldats américains en mission.
Vitesse de lecture et durée de l'enregistrement
La mention « 78 tours » doit être plutôt comprise comme un terme générique plus que littéralement car ces disques pouvaient en fait être enregistrés à des vitesses allant de 66 à 103 tours par minute en fonction de la durée d’enregistrement désirée. Il est vrai que la vitesse 78 tours était largement la plus répandue. Il faut ajouter que la vitesse réelle d’enregistrement était rarement mentionnée sur l’étiquette du disque. De plus, mais c’est un détail, la vitesse de 78 tours par minute n’est qu’une approximation, car elle est le résultat d’un calcul qui fait intervenir la vitesse du moteur (souvent mécanique) du phonographe et la fréquence du courant électrique dans le studio d'enregistrement. Cette dernière étant de 50 Hz en Europe et 60 Hz en Amérique, la vitesse de rotation des disques sur ces deux continents n’est donc pas exactement identique à quelques dixièmes de tour près.
Quand le disque tournait à 78 tours, comme la majorité d’entre eux, la durée de l’enregistrement par face atteignait trois minutes environ. Comme indiqué plus haut, si le besoin s’en faisait sentir (une chanson plus longue), on pouvait allonger cette durée en réduisant la vitesse de rotation du disque pendant l’enregistrement. Le résultat était un glissement du son vers les graves. Tous les phonographes de bonne qualité disposaient d'un règlage fin de vitesse utilisant un régulateur à patin utilisant un pantographe similaire à celui du régulateur à boules de Watt.
Le ressort des phonographes était calculé pour permettre au minimum la lecture d'une face de disque (cinq minutes donc), après quoi il fallait le remonter avec une manivelle. L'art du fabricant consistait entre autres à fabriquer des moteurs mécaniques parfaitement silencieux.
Force d'appui du bras de lecture.
Beaucoup de disques 78 tours de collection ont été abîmés par la lecture sur des phonographes d’époque en raison d’une force d’appui du bras de lecture de l’appareil trop importante sur le disque. En effet, si la force d’appui a été considérée comme un paramètre important par les ingénieurs ayant conçu les platines de disque vinyl, il n’en était pas du tout de même en ce qui concerne les phonographes. Au début du XX siècle, les constructeurs d’appareils négligeaient totalement la prise en compte de la force d’appui du bras sur le disque pour une lecture de qualité : le bras n’était conçu qu’en fonction de paramètres esthétiques. Tout ce qui importait, c’était de faire joli. En conséquence, beaucoup de disques ont été « labourés » plutôt que lus par les phonographes équipés de bras de lecture trop lourds.
Une erreur répandue est de chercher à lire un disque 78 tours avec une cellule magnétique, qui est optimisée pour la qualité du microsillon et donnera trop d'aigus comme de bruit de fond (même si les plus anciennes acceptent des aiguilles doubles : microsillon d'un côté, 78 tours de l'autre). Les meilleurs résultats - en particulier si l'on désire en transférer le contenu sur un support numérique - sont les cellules piézo, seules aptes à accepter la pression plus grande indispensable à la bonne lecture des 78 tours.